Une fin d’après-midi dans le monde fascinant de l’apiculture

 21 mai 2019 :

Il est à peine 17 heures lorsque j’éteins le moteur de ma voiture, garée dans l’arrière-cour d’un vieux corps de ferme isolé, situé dans un lieu-dit relié à la commune de Gourdon (Lot) par une jolie petite route qui sillonne à travers un vallon boisé, humide, qui longe une tour de péage en parfait état et qui se transforme ensuite en chemin resserré et caillouteux pour aboutir à ce petit paradis perdu, signalé par un panneau : "miel".

La petite fermette est à moitié délabrée, silencieuse.

Avec hésitation, je me décide à faire le tour des bâtiments. A peine ai-je remonté de quelques pas le chemin que je débouche sur un vaste terrain herbeux bordé d'arbres devant lesquels sont alignées neuf ruches. Le vrombissement, le bourdonnement des abeilles et impressionnant et pourtant, il y a bien 10 ou 20 mètres qui me séparent de celles-ci.

C’est Olivier qui, de loin, m’aperçoit et qui vient m’accueillir, un jeune chiot jappant à ses côtés. Il y a des chats, des poules, bref… ici, on aime les animaux.

Voilà. Bienvenue chez Liesbeth et Olivier Chapel, couple d’apiculteurs dont les produits, qui répondent au nom très sympathique de « Douce Abeille » sont « maison » et principalement vendus sur les marchés locaux, en circuit-court. Olivier m’accompagne jusqu’à la résidence de la petite famille, étonnante, atypique, simple, chaleureuse : un séchoir à tabac traditionnel qu’ils ont pris le temps de remettre en état et de transformer, ce qui leur a aussi demandé beaucoup d’énergie. Tout sonne nature, tout sonne simplicité. Pas de superflu. On vit de ce qu’on a avec ce qu’on a.

Elle, Liesbeth, elle vient des Pays-Bas, dont elle conserve encore l’accent lorsqu’elle s’exprime en français, hésitant parfois sur le vocabulaire. Lui, Olivier, il est Breton. Lorsqu’ils se sont rencontrés, ils n’ont pas forcément pensé à un changement aussi radical de vie, même s’ils avaient le désir de changer de cadre. Elle, elle achevait des études de sociologie. Lui, il était contrôleur et ingénieur aérien. C’est au cours de vacances passées en Corse que Liesbeth se passionne pour les ruches dont un couple d’amis s’occupait, en amateurs éclairés. Fascinée, Liesbeth profite des conseils et enseignants de son amie, enseignante en lycée agricole. Elle potasse et profite également du terrain de son ami. Olivier, de son côté, lassé par son métier, n’est pas contre ce projet fou  qui se profile.

L’occasion de se lancer, c’est en 2010. La famille, car il y a deux petites filles, tombe sur un couple d’apiculteurs qui souhaite transmettre son patrimoine, son matériel et sa marque, la « Douce Abeille ». C'est parti. Entre la rénovation du séchoir à tabac qui leur sert de nid et les stages et formations effectués pour perfectionner les connaissances et la maitrise de l'activité, les premières années sont rudes. Il faut tout reprendre, presque, à zéro, adapter des techniques d’un autre temps, léguées par un couple de retraités réticent aux nouvelles technologies et à l'amélioration des méthodes de production. Les banquiers ne sont pas forcément, non plus, au rendez-vous, d’autant plus que la petite famille décide également de se passer, au maximum, de tout ce qui pourrait nuire à l'environnement et à l'écologie.

Mais Liesbeth et Olivier ont à cœur de prouver qu’ils ont raison. Par leur amour du terroir, de la nature, des écosystèmes, par le bien-être des ruches dont ils s’occupent jour après jour, des ruches transhumantes, nomades, déménagées au fil des saisons, des floraisons et des températures ambiantes, ils gagnent jour après jour leur pari. Par leur choix, pas forcément spontané, d'une région, la Bouriane, à mille lieux des endroits où ils réfléchissaient à s'installer, ils ne manquent ni d’acacias, ni de châtaigniers, ni de tournesols pour combler l’appétit et attiser la force de travail des essaims, pour favoriser la pollinisation et rendre plus aisée la fabrication du miel.

Etre apiculteur, c’est, pour eux, adhérer et entrer de plain-pied dans un monde où la chaîne du vivant doit être respectée. Sans les fleurs et arbres, pas d'abeilles, et sans abeilles, pas de miel ni de produits dérivés. Les CHAPEL optent, après quelques essais, pour des ruches d’élevage à la génétique rassurante et solide, d'autant plus dans une zone soumise à forts aléas climatiques : les ouvrières sont dynamiques, résistantes aux maladies et, notamment, au sale « varois », elles sont hygiéniques et sont censés favoriser la reproduction des reines qui, sitôt matures, viendront coordonner le travail des ruches de « terrain ». Quand on sait qu’une ruche accueille en son sein entre 30.000 et 40.000 abeilles… ça fait… vibrer !

Et c’est justement cette vibration à la fois intense et profonde qui marque la visite à laquelle je suis conviée en toute simplicité : revêtue de la combinaison de cosmonaute des abeilles, je suis fascinée de bout en bout. Depuis le matériel utilisé jusqu’aux ruches elles-mêmes, en passant par la phase de l’enfumage des abeilles, indispensable étape pour les « sonner » et éviter trop d’agressivité. Une vie d’abnégation où tous les gestes du quotidien sont reproduits à l’identique pour le bien-être des abeilles. Une richesse de vie qui vrombit avec intensité, qui résonne dans les oreilles et qui séduit le regard : cette richesse qui se créé, ces alvéoles qui seront prochainement ouvertes pour être transformées en miel, le tout sans jamais utiliser de pesticide ni d’intrans chimiques.

Et, forcément, ayant déjà eu la chance de découvrir en 2018 l’un des produits dérivés, la crème de noisettes, que dire de cette crème de noix que Liesbeth ouvre pour moi de manière à ce que j’en ressente les arômes olfactifs et que je déguste ma première cuillérée, à domicile ! Avant de m’offrir le pot, auquel elle ajoute un pot familial de miel d’acacia. Chez les Chapel, on est comme ça, naturels, simples, ouverts, loin de tout esprit de lucre.

C’est complètement sous le charme que je quitte la famille, alors qu’Olivier est en train de cuire un gâteau, que les deux filles sont rentrées de l’école, que le chien est tranquille dans son panier et qu’ à l’extérieur, la fin de journée apaise les abeilles et la nature… !

 

Miels
LA DOUCE ABEILLE – Crème de noisettes
Miels
Label
LA DOUCE ABEILLE – Crème de Noix
N'hésitez pas à nous contacter pour toute
demande d'information ou de collaboration