cane sugar, cacao powder, cashew nut praliné (cashew nuts, cane sugar), virgin coconut oil, sea salt
4 avril 2020 :
Coup de foudre pour le détournement inventif de la boîte de conserve façon ration de caserne améliorée ou ration de survie. De quoi dépoussiérer la notion du pot de pâte à tartiner… Un concept doté d’un design ultra urbain, graphique. Contemporain. La boîte est hermétiquement scellée d’un couvercle aux armoiries Marou ; elle arbore une couleur bleu nuit laquée, est surmontée d’une typographie dorée, en relief, plaisante au toucher, qui met parfaitement en valeur la provenance vietnamienne des ingrédients utilisés.
Nul parfum ne vient s’échapper de la boîte à son ouverture. Du moins, quelques traces diffuses d’arachide, assoupies par un semblant de coco, viennent flirter avec les narines. Un parfum que l’on devine concentré, qui suggère un potentiel tapi dans la matière, tel un félin prêt à bondir avec souplesse et puissance dès que la dégustation sera entamée.
Une dégustation inhabituelle, qui se déroulera en deux temps.
Le premier temps (la première moitié du pot) sera déstabilisante mais également jouissive sur le plan sensoriel. Sa surface est mate, lisse. Sa couleur est d’un très joli coloris marron qui, en fonction de la luminosité ambiante et des reflets produits par l’étain de la boîte, tire sur l’auburn, voire le cuivre. Passé ce premier contact visuel, à peine épaulé par ce parfum toujours timide, la cuillère rencontre moins une pâte qu’une matière minérale, compacte, dense, dure. Un bloc de matière à sculpter, qu’il va falloir tailler dans le vif, travailler au corps et au poignet pour parvenir à en tirer la substance gustative. Il faut savoir, de temps en temps, accepter le diktat d’une matière brute – de cacao - pour en faire ressortir sa richesse gourmande.
Autant dire que la tartine est mission impossible. C’est plutôt une bonne chose pour sublimer la profondeur sensationnelle de cette matière (vivante) qui s’épanouit avec assurance et sans précipitation dans la bouche. Son fondant est lent et majestueux. Déposé sur la langue, le morceau extirpé du pot garde de l’épaisseur en s’amollissant avant de déposer les armes et de se liquéfier par l’effet de la langue contre les parois buccales. A cet instant-là, le palais s’imprègne de saveurs fruitées et acidulées lors de la première salve, puis douceâtres et subtilement salées. Les arômes sont un mélange exaltant de douceur et d’intensité, de cru et de torréfié. Tout s’équilibre à la perfection. Un sucré-salé enrobé par la signature finale, en longueur de bouche, de l’amertume du cacao. La plénitude est atteinte : la pâte est sculpturale, sculptée, divine !
Dans un second temps (la dernière moitié de la boîte), le dégustateur, légèrement frustré néanmoins d’avoir dû fournir tant d’efforts pour quelques cuillérées, si gouteuses soient-elles, osera l’impensable ! Avec audace, il extirpera quelques coriaces morceaux de pâte de sa boîte, les placera dans un récipient et enfournera celui-ci dans un micro-ondes, tant pis pour la méthode. Il fera réchauffer entre 30 et 45 secondes en fonction de la quantité de pâte et… EURÊKA !
Un fumet aromatique déploie avec enthousiasme son mordant. Texture et consistance débordent d’onctuosité, de moelleux, d’épaisseur et de coulant, à cœur, à faire s’en pourlécher les babines. Le plaisir est décuplé par quelques morceaux à peine fondus mais suffisamment amollis néanmoins pour coller au palais. Les saveurs en sont subtiles, racées, exacerbées par la souplesse retrouvée de la pâte : du sucré sur la pointe de la langue, du fier cacao, acidulé et fruité sur les gencives, les muqueuses et au palais, une pointe d’arachide, de grillé et de salé en arrière-gorge. Des arômes à la fois doux et forts, du sucré-salé parfaitement dosé.
Là, ça y est vraiment, avec ou sans tartine : le charme des faiseurs de chocolat Marou, déjà célébré pour quelques-unes de leurs merveilleuses tablettes, opère enfin totalement !