14 août 2014 :
Design conceptuel et novateur, épuré et minimaliste : le pot, d’un plastique semi-rigide au contact des doigts n’est ni rond ni ramassé sur lui-même, mais un tube rectangulaire, étroit, jaillissant dans une magnifique verticalité. Son bouchon ressemble à celui des flasques d’alcool individuelles, d’une couleur grise à peine luisante, scellé d’un côté par un autocollant noir suggérant la manière de déguster au mieux la pâte à tartiner. Le tube est agrément de l’autre d’une sobre étiquette blanche où se dessine le logo du cuisinier chéri des médias. La couleur de la pâte est un appel à la dégustation. Son brun est chaud, presque ambré. Malheureusement… Malheureusement, le plaisir de la découverte est totalement gâché, réduit en guimauve, par la difficulté à faire sortir la pâte pralinée de son superbe écrin. Les pressions exercées par les doigts n’y suffisent pas. Il faut se résoudre, comme suggéré par le petit autocollant, à placer la pâte dans le micro-ondes une vingtaine de secondes. Et encore, cette vingtaine de secondes ne suffit pas non plus : la pâte ne veut pas sortir, elle se fait désirer. Elle boude. Plaisir de la tartine gâché, gâché. Dégustation bâclée : lorsqu’enfin quelques gouttes de pâte daignent abreuver la tartine, il est trop tard. L’excitation et la curiosité du produit se sont envolées, laissant place à l’agacement. Alors si, effectivement le palais se délecte de la saveur de la praline, les sensations, pour cette première rencontre – et sans doute dernière – se limitent à de vagues notes vanillées et lactées. Car déjà se pose la question de savoir comment faire pour que la prochaine dégustation se passe mieux et, la question ultime : comment ne pas perdre une miette de cette pâte à tartiner, dans un pot rectangulaire, étroit, dont elle a déjà du mal à s’extraire ???? Bon, les dégustations suivantes se déroulent, l’expérience aidant, un peu mieux et les papilles peuvent prendre le relais sur le côté déplaisant du maniement du tube et sur l’obligation de le faire chauffer au micro-ondes pour assouplir la pâte, l’amollir et lui permettre de couler avec une fluidité – néanmoins bien relative et aléatoire – de l’étroite ouverture du bouchon. Mais sitôt sur la petite cuillère, elle présente une texture légère et, en début de bouche, très douce et vanillée. En milieu de bouche, on y trouve la noisette qui un excellent chocolat lacté. La pâte n’a néanmoins qu’un effet d’immédiateté mais peu de longueur en bouche. Affaire à suivre. Je prends tout à coup conscience que la cause première – et totalement subliminale – de mes déceptions est due à l’inutilité de la petite cuillère. Pas besoin de cuillère ou de spatule pour entamer la pâte. C’est l’une des qualités premières d’une pâte à tartiner, pourtant, ce qui en constitue l’un des plaisirs régressifs (ou pas) : la petite cuillère. Une pâte sans petite cuillère est-elle encore une pâte à tartiner ? Sur une variation dialectale : le pot ne fait pas la pâte… ! Massacre de la pâte à tartiner à grands coups de ciseau et de couteau. La chronique d’une mort annoncée. Le pot étant ce qu’il est et la puissance du micro-ondes n’y pouvant rien, la perte de pâte est indéniable et d’importance pour le dernier jour. Compte tenu du prix du produit, il est scandaleux d’en perdre la moindre lichette mais rien n’y fait, ni réchauffage. Il faut attaquer le pot de plastique épais aux ciseaux, au couteau, pour l’entailler. C’est grossier, c’est vulgaire, c’est du travail de sagouin et ça gâche vraiment le plaisir jusqu’au bout, au point où l’on ne sait même pas si la pâte elle-même est goûteuse ou pas.
15 octobre 2015 :
Je découvre que Christophe MICHALAK vend désormais sa pâte dans des pots "traditionnels", en version noisette-coco et passion. Alors là, oui, je sens que je vais pouvoir surmonter ma déception et ma frustration pour m'abandonner non au packaging difficile mais aux arômes, saveurs, textures et délices parler...
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