14 décembre 2018 :
Rencontré au détour d’une travée du Salon du Chocolat de Paris de novembre 2018, l’Artisan du Chocolat s’appelle Abdel. Et s’il est tombé dans la potion magique du chocolat sur le tard, s’il présente un parcours non linéaire d’un autodidacte formé par ses voyages et par un apprentissage poussé auprès de la Maison du Chocolat, on dira tout simplement que sa reconversion est aussi réussie qu’elle n’est gourmande. Au cœur de la commune des Yvelines où il a volontairement choisi d’implanter son atelier et d’ouvrir sa boutique, Abdel promeut des valeurs qui dépassent le seul secteur du chocolat : pour préserver l’environnement, il cultive les circuits-courts, les très bonnes relations avec les producteurs locaux et n’hésite pas à afficher un slogan rigolo mais tout sauf superficiel : « préservons la Terre, c’est la seule planète où il y a du chocolat ». Forcément, il est également sincère et généreux avec ses gourmands et gourmets de clients. Bref, il cherche l’équation qualité = partage = plaisir. Est-il, ainsi, si étonnant qu’il compte parmi les adhérents de la Confédération des Chocolatiers et Confiseurs de France ? Son amour : la noisette. Le petit fruit à coque, bien connu du milieu des confiseurs et chocolatiers, est décliné selon une gamme à laquelle la touche personnelle apporte du charme à la maîtrise technique. Son produit-phare : la truffe de praliné, intitulée « Noisette de l’Evêque », petit clin d’œil à la commune d’Evecquemont.
Le produit qui va conquérir et rendre accro toutes les tartines du monde: son Praliné Noisettes. Il est… wouah ! Le parfum, rien que le parfum de ce praliné noisette, est étourdissant de majesté : c’est une noisette magnifiée, glorifiée, qui s’envole du petit pot pour conquérir son royaume : celui des sens. D’une teinte marron plutôt claire à peine troublée par de minuscules tâches écrues qui sont la garantie par A+B d’une noisette grossièrement concassée, la pâte présente une surface luisante. Normal, l’artisan n’utilisant aucune matière grasse autre que celle venue de la noisette, il est indispensable de touiller énergiquement pour que l’huile reprenne la place qui lui est destinée. Le nez toujours en pleine émotion sensuelle, au tour du palais et des papilles d’être affolées par une texture généreuse, croustillante, dont la granulométrie paraît grossière mais c’est fait exprès : pour intensifier les sensations aromatiques, les noisettes ont été broyées et concassées sans aller jusqu’à la poudre. Elles sont hachées, mais pas réduites en miette. Un praliné abordé de cette manière, c’est carrément jouissif. Ca craque, ça croque, ça croustille. C’est puissant. La noisette, légèrement torréfiée et, surtout, bien caramélisée, prend une dimension conquérante et fière. On en oublierait presque la petite pincée de sel qui, timidement, vient pointer en fin de dégustation.