Cacao, sucre, beurre de cacao
29 mars 2025 :
Pour qui connait Haïti, son peuple et son histoire, aussi riche qu’elle n’est violente, il va de soi de soutenir le projet AYITIKA (derrière lequel se cache un agronome, Jean Chesnel Jean et son équipe de passionnés), lequel fait renaître depuis les années 2015 de ses cendres la filière cacao locale, la faire se développer de manière vertueuse tout en permettant à ses acteurs une juste rémunération.
A l’heure actuelle, on s’inquiète un peu du devenir de la filière et de la situation des responsables du projet sur le terrain, comme M. Placide Monterose, rencontré lors du Salon du Chocolat de Paris en 2024, alors que l’Etat haïtien n’est que l’ombre de lui-même face à la terreur des gangs.
Et l’on découvre, ainsi, cette tablette avec un sentiment particulier, celui d’avoir affaire à un bijou délicat et fragile dont il convient de prendre soin et de respecter, pour faire rayonner Haïti au travers de sa dégustation.
L’étui est élégant et sobre. Deux cabosses dont les couleurs symbolisent leur différence de variété (le criollo et l’amelonado), sur fond noir, le tout étant surmonté du logo graphique de la marque, lequel est doublé par un petit drapeau haïtien, le tout étant agrémenté d’un petit autocollant prouvant que cette tablette est primée. La tablette est protégée par un film aluminium protecteur épais et qui a pour lui d’être plié de telle manière à ce qu’on puisse l’ouvrir sans avoir à l’arracher. Se révèle alors une tablette à la robe d’ébène, dont le moule est épuré, ses reliefs contemporains, suggérant pour chaque carré les collines du pays. La couverture est mate et ses reflets sont liés aux coques constituées par les carrés. La tablette est ferme à la prise en main et libère un parfum corsé et fruité de cacao, une signature qui revient prioritairement à la variété criollo dont une partie de cette tablette est issue. Les barres se séparent avec un beau claquement net, jouissif à l’oreille. Les morceaux croquent sous les dents et, en fondant, en se liquéfiant, procurent une sensation fibreuse, presque sablonneuse sur la langue. Les saveurs sont d’un équilibre incomparable. Le chocolat est à la fois doux tout en offrant un certain caractère où des notes florales et fruitées transparaissent sans basculer toutefois sur un versant amer. Le sucre est justement dosé. En rétro-olfaction pointe un goût de tabac étonnant. Pour une allonge pleine et entière.
Une tablette qui s’ouvre au plus grand nombre par cette harmonie entre suavité et intensité.