Résumé :
Arthur et Sébastien, adolescents et amis, s’insurgent clandestinement contre le Parti qui Vous Veut du Bien et ses Patrouilles Anti-Chocolat. Aidé par une commerçante, par un bouquiniste et par d’autres individus également indignés des mesures prises contre toutes les sucreries, ils parviennent à confectionner leur propre chocolat et à le vendre au noir. Mais attention, les Jeunes Pionniers du Parti guettent et n’hésiteront pas à les dénoncer…
Avis :
Que les enfants, que les adolescents et que les adultes – eux aussi – se rassurent ! Le chocolat est à mille lieues d’une prohibition décidée par nos gouvernants. Ils risqueraient d’être déchus de leurs fonctions. Mais que les nouvelles générations prennent conscience, par l’intermédiaire d’un roman d’aventure palpitant et tendu où ceux qui aiment le chocolat jouent au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, que les dérives politiques, sociales et économiques sont possibles, qu’il suffit d’une mesure infime et sans particularité au départ pour faire basculer un système de liberté à un système concentrationnaire et dictatorial. Surtout, ce roman est conçu pour le plaisir et le goût du plaisir : se faire plaisir donc. Savoir déguster ce que l’on aime – en l’occurrence du chocolat, du sucré – sans culpabiliser pour sa santé. Savoir prendre l’existence au jour le jour, avec son lot d’évènements et de non évènements. Savoir, surtout, faire en fonction de son éthique, de sa conscience et de sa moralité, y compris lorsque l’instinct fait que l’on doit s’opposer à la loi ou aux décrets votés. De quel droit certains s’arrogent la capacité de savoir ce qui est bon pour autrui ? Il faut savoir balayer à sa porte avant de balayer le paillasson de son entourage. Et ce n’est sans doute pas une plaquette, une barre ou un carré de chocolat qui abonderait en ce se sens : le chocolat permet de voir la vie de manière plus douce. Interdire le chocolat, c’est interdire les petits plaisirs du quotidien, de ceux dont tout être humain a besoin pour avancer. Un roman qui fait œuvre d’enthousiasme, qui lutte contre toute forme de désespoir, d’apathie et de fatalisme, et qui montre, par l’intermédiaire de ces deux adolescents capables d’aller au-delà de leurs peurs, au-delà des risques encourus vis-à-vis de loi, qu’il ne faut jamais se décourager, qu’il faut s’accrocher et croire en un avenir meilleur. Tout en nuançant le propos en montrant qu’excès de zèle ou de confiance peuvent aussi entraîner des catastrophes : afficher sa vanité par l’apparence, cela peut donner la puce à l’oreille aux détracteurs ; et inversement, montrer trop de zèle et de soumission envers le pouvoir en place ne rapporte pas forcément la récompense attendue.
Et pour les adultes rien de tel qu’une petite piqûre de rappel pour montrer que les frontières entre la démocratie et le régime dictatorial sont tenues et qu’elles tiennent parfois… à un carré de chocolat !
Alors, et vous ? Que feriez-vous si l’Etat décrétait l’interdiction de tout ce que vous aimez ? Moi, c’est sûr, on m’enlève le chocolat, je rejoins la rébellion. Liberté, Egalité, Chocolat !