13 février 2021 :

Résumé : Quelles sont les pensées, idées, images qui viennent, qui traversent, qui s’ancrent ou qui disparaissent à peine apparues, dans la tête d’une femme au foyer, mère de quatre enfants, dont l’essentiel du quotidien se passe dans sa cuisine à préparer, pour les vendre à des restaurants et salons de thé, des tartes, gâteaux et autres gourmandises chocolatées ?

Avis : Un ovni que ce roman dont le réalisme est magistral et l’intime bouleversant. En laissant, sur 1200 pages, les pensées d’une femme au foyer se dérouler au fil de ses activités du quotidien, l’auteure réalise une prouesse stylistique fondé sur l’utilisation d’une locution, « le fait que » créant un certain état de transe voire hallucinatoire.  Le fond n’est pour autant pas abandonné, bien au contraire. Car une mère de famille, une femme au foyer, certes spécialiste et experte en cuisine, a aussi son mot à dire sur ce qu’il se passe dans le monde et plus précisément aux Etats-Unis et dans l’Etat de l’Ohio. Elle a aussi ses rêves et cauchemars qui, souvent sans liens directs avec le réel, ont sans doute une influence sur celui-ci. L’occasion, là aussi sur 1200 pages, d’égratigner la société américaine contemporaine, son amour des armes, sa propension à la violence, son hyperconsommation, son individualisme, l’aggravation des écarts entre les plus riches et les plus pauvres et son indifférence aux catastrophes environnementales présentes et à venir. L’auteure-personnage est impitoyable et rien, ou presque, n’est oublié. Même pas, et encore moins d’ailleurs, Donald Trump. Un roman par, avec et pour les femmes. Un roman féminin, féministe, corrosif, trash.

Il est d’autant plus vivifiant que cette litanie de pensées intérieures est entrecoupée par celles d’une femelle couguar qui, tout comme la narratrice, est dévolue à ses petits lionceaux, dont elle a été séparée par une tempête et qu’elle cherche avec obstination et en dépit des risques qu’elle prend à se rapprocher de l’homme.

Le chassé-croisé est double : la lionne y va de son petit couplet sur l’homme, qu’elle méprise pour son mode de vie, et elle se rapproche de manière concentrique du lieu de vie de la narratrice, traversant même son jardin à un moment donné, toujours en quête de ses petits disparus.

Une mère humaine, une mère animale, pour un combat identique : la sauvegarde et l’éducation des enfants pour leur forger un avenir solide.

Toutes les femmes sont donc des lionnes.

Accessoirement, ou principalement (au choix) le lecteur sera ravi, dès la couverture prometteuse et aguicheuse - une très jolie porte de frigidaire jaune - d’être associé aux préparations gourmandes de la narratrice, qu’il s’agisse de tartes aux pommes, de roulés à la cannelle ou de cookies aux pépites de chocolat ! Recettes, ingrédients, savoir-faire et saveurs viennent alléger de manière opportune la gravité du roman.

 

N'hésitez pas à nous contacter pour toute
demande d'information ou de collaboration