Résumé :

1910. Journaliste mondain envoyé en Amérique Latine, Victor voit sa mission bousculée par le conflit qui enfle au Mexique. Au cours du périple qu’il accomplit parce que nous pouvant faire autrement, il fait étape au sein d’une minuscule communauté descendante des Aztèques et découvre une boisson énergisante et mystérieuse, à base de cacao… De retour en France, et obsédé par celle-ci, il parvient à en recréer la recette , à la rendre populaire alors que les Poilus souffrent dans leurs tranchées, puis à la commercialiser. La légende BANANIA vient de naître !

Avis :

BANANIA est une légende qui, depuis sa création officielle en 1914, ne cesse de se renouveler, dans son graphisme et dans les produits alimentaires dérivés que la société, devenue groupe international, met sur le marché de façon régulière.

Mais qui sait, à moins de se rendre sur le site officiel de la marque, comment cette légende a réellement débuté ? Qui sait comment le « potage indien » est devenu « élixir sacré » pour aboutir au Choco-Banane puis, après une intense période d’essais et de réflexion, au BANANIA ? Qui sait comment ce nom a été trouvé ? Qui sait qu’il a existé un cheval de course qui l’a porté ? Et qui sait ce qu’est devenu le tirailleur sénégalais ayant servi de modèle pour l’emballage et la publicité ?

Une seule question à se poser, pour savoir ce qu’est exactement BANANIA : qui est le Roi Chocolat ? Impossible de répondre de manière tranchée… Le royaume du chocolat étant lui-même impossible à circonscrire dans le cadre de frontières bien dessinées.

Alors, on dira que :

1/ Le Roi Chocolat, c’est celui par qui l’épopée commence ; celui sans lequel cette poudre de cacao à laquelle s’ajoutent du sucre, de la farine de banane et des céréales (de l’orge initialement), serait demeurée un éternel « potage indien » sans pouvoir prendre l’appellation « Elixir Sacré ». Le Roi Chocolat est donc ce journaliste français, Victor, qui, à l’occasion d’une mission dans un pays d’Amérique Centrale, se retrouve mêlé à des soulèvements, des émeutes, des attaques et, trouvant quelque repos dans un village isolé, habité par les derniers descendants de la civilisation aztèque, découvre un breuvage mystérieux, qui le requinque mais dont il ignore tout. On est en 1910 ; s’il avait su que son destin en serait bouleversé à ce point, il n’aurait peut-être pas entamé une quête qui, au départ, n’était pas sa priorité…

2/ Le Roi Chocolat, c’est celui grâce auquel le journaliste doit sa destinée. Le Dieu Quetzalcóalt, divinité primitive à l’origine du mythe de la cabosse, a permis que son nectar puisse quitter son royaume, traverser les océans et se retrouver en Occident.

3/ Le Roi Chocolat, est, ce qui en découle, l’Homme-Jaguar : ce talisman porté par le journaliste, censé le protéger à la condition qu’il en respecte les usages et les préceptes. A défaut de quoi, sa vengeance peut se révéler terrible, même pour un journaliste rationnel et peu sensible aux choses inexplicables. Ne serait-pas ce talisman qui, guidé par un Dieu Quetzalcóalt mécontent, entraîne le journaliste dans la déchéance ?

4/ Le Roi Chocolat est aussi représenté par les femmes ; il est sans sexe, comme tout personnage magique et divin. Dans cette odyssée fantastique qui précède la création et la réussite de BANANIA, trois femmes ne se contentent pas de tenir la chandelle, bien au contraire. Deux d’entre elles, Jacuba et Suestada, rencontrées et aimées par le journaliste lors de son périple en Amérique Centrale, sont farouchement libres, indépendantes, fières. Elles manipulent, complotent politiquement pour en tirer de juteux contrats commerciaux, quoique moralement contestables. La troisième, Blanche, est l’épouse même du journaliste. A celui-ci, elle lui offre non la sensualité et la passion procurées par ses amantes, mais la stabilité, la confiance en lui et en ses ressources pour transcender obstacles et imprévus. Blanche est admirable, irréprochable. Elle s’érige en solide pilier du couple et de la famille. Trois femmes qui sont la représentation idéale, pour l’époque, de la féminité associée à la lutte indirecte pour l’égalité entre sexes. 4/ Le Roi Chocolat, ce sont aussi toutes ces « petites mains » qui, selon leurs fonctions et rôles auprès du journaliste transformé en sorcier-cuisinier puis en patron, ont contribué à l’essor et au développement du BANANIA. A commencer par ces indigènes qui, ne serait-ce que pour pouvoir se nourrir, ont appris à cultiver les plantations de bananes en Amérique Centrale et ont continué de confectionner la recette-miracle du chocolat à boire.

5/ Le Roi Chocolat, c’est enfin, l’auteur lui-même, Thierry Montoriol. Son roman, basé et construit sur des faits réels, fait appel à tous les sens. La saga se lit, s’imagine, se savoure, il se déguste, se dévore, se boit sans modération. Elle est toute de rebondissements, d’énigmes, de tensions, d’obstacles, d’imprévus, de périls, mais aussi de passion et d’élans. Elle est à la fois subtile et truculente. Le récit est comme un chocolat qui arbore des flagrances diverses, en fonction de ses arômes. Pimenté, tempéré, noir, lacté, aux notes tantôt fruitées, tantôt acidulées. Un récit-chocolat ferme et croquant, mou et fondant. Bref, un roman qui en met plein la tête, plein les yeux, plein les narines, plein les papilles. L’écrivain voyageur, amoureux des océans, devient conteur hors pair, magicien des mots, il entraîne son lecteur dans un dépaysement charmeur et gourmand. Sa « gourmandise littéraire » est provoquée dès le départ par le pouvoir attractif et subliminal de la couverture du livre, qui rappelle tout simplement… BANANIA. Ce qui fait plonger immédiatement le lecteur dans le monde vif et sans peur de l’enfance.

Nul doute que notre écrivain marin gourmet a, de son côté, déjà terminé depuis longtemps son bol fumant et délicieux de cacao et que son stylo crapahute déjà sur d’autres territoires à défricher…

Attention : toute ressemblance des personnages avec des personnes ayant réellement existé est volontaire, l’auteur s’est contenté de modifier les identités et d’extrapoler certains évènements.

Conseil : se plonger dans ce roman avec un… grand bol de chocolat chaud ou un grand verre de chocolat froid. Cela décuple son pouvoir émotionnel... en particulier lorsqu’on se laisse pousser une fine moustache de chocolat, très dans le style des Années Folles !

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