Résumé : A Ilhéus, dans l’Etat de Bahia, on ne jure que par le cacao, que l’on soit propriétaire de plantation, intermédiaire ou exportateur, que l’on soit ouvrier journalier ou que l’on accède à son tour à un bout de parcelle ou de forêt à défricher, que l’on soit communiste ou nationaliste…

 Avis : Le cacao est roi. Il est le cœur qui bat dans la région de Bahia et dans certaines villes de la province. Il est le cœur des hommes et des femmes dont l’existence est rythmée par sa culture, sa production, ses transformations, son exportation. Il est source de joies mais, surtout, il fait souffrir. Le cacao est fier mais maudit. Il enchaîne. Il rend dépendant. Il cautionne les règlements de compte à l’arme, les différends d’héritage, les oppositions idéologiques entre colonels. Il étend le fossé d’incompréhension entre les anciennes générations et les nouvelles, ouvertes au progrès, à la mécanisation, à l’ouverture des marchés et à l’exploitation des femmes et hommes qui, de leur côté, sont sans maison, sans salaire suffisant. Il est intransigeant, il réclame du respect, de l’abnégation, de la patience sur le temps de maturation des cosses, les aléas liés au soleil ou à la pluie. Il demande du muscle, il fait vieillir prématurément les corps, use la santé. Pour aboutir à un produit de luxe qu’une minorité seulement saura et pourra déguster. Sa production et sa consommation s’ancrent alors dans la lutte des classes et les revendications politiques de ceux qui aimeraient aussi accéder à l’aisance, de ceux qui réclament l’égalité. Le cacao est produit, il est aliment, il est politique, il est matière à commerce, il fait la paix mais aussi la guerre. Et tout cela, Jorge Amado l’écrit avec ferveur, avec ardeur. Ses mots, qui sont intemporels et qui transcrivent la situation telle qu’elle était au début du 20ème siècle mais qui pourraient correspondre à la situation, aujourd’hui, des petits planteurs endettés et sans débouchés, sont ceux de ceux qui ont sué et qui suent dans les plantations. Ses mots sont ceux des régisseurs, ils sont aussi ceux des propriétaires de plantation et il va aussi jusqu’à analyser l’attitude de ceux qui, sans travailler la matière première, lui permettent une ouverture à l’international. Son analyse est environnementale. Elle est sociale. Elle démontre la mécanique implacable de l’économie et des intérêts contradictoires entre les uns et les autres. Car sur la terre aux fruits d’or, tout n’est pas que poésie et romantisme et l’écrivain rend un hommage appuyé aux actions et campagnes menées par les communistes, lui qui a toujours été proche de leur idéologie et de leur organisation, fondée sur la solidarité, le partage et la camaraderie. Le cacao est roman parce qu’il balaie l’histoire d’un pays, d’une région et de ses autochtones tout en se focalisant sur les amitiés, amours et ressentis individuels…

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