Résumé : Anya Balanchine, adolescente, aimerait se laisser aller à l’insouciance, aux questions des jeunes de son âge, s’adonner à ses études et tomber amoureuse. Elle ne le peut et prend en charge son frère Leo, handicapé, et sa sœur cadette Natty, depuis les décès de leurs parents, son père étant le parrain d’un réseau mafieux puissant contrôlant le commerce illégal du cacao… Parviendra-t-elle à protéger les siens tout en se construisant sa propre vie ?

Avis : Le titre est aguicheur. Il fait saliver. Il fait se lécher les lèvres. Il fait, quasiment, se précipiter. Il fait, avant même que les premières pages n’aient été lues, se révolter et bénir ce système parallèle et ses réseaux noirs, violents et sans doute corrupteurs, qui permettent par leurs basses œuvres de continuer d’alimenter les pauvres drogués du chocolat. Car posons la question : que se passera-t-il lorsque la pénurie de cacao aura atteint le point de non retour ? Que la ressource sera épuisée et qu’il ne sera dès lors plus possible de produire à grande échelle, qui plus est du chocolat de médiocre facture, voire de chocolat qui n’aura de chocolat que l’arôme ? En fait, tout l’art de ce roman, pour l’adulte, est de lui permettre d’inventer un autre roman, un autre possible, un autre futur que celui présenté dans le roman lui-même. Un roman d’anticipation. Un roman à suspens et à frayeurs ; car personne, parmi les accrocs du chocolat quelles qu’en soient les formes, ne supporterait une vie sans chocolat. On est camés ou on ne l’est pas. On est gourmands, on est gourmets, et connaître les délices d’une dégustation pour basculer dans du côté obscur des « sans », ce serait l’enfer. Mais l’enfer attire, c’est bien connu, et l’interdit aussi, c’est pour cela que l’on se précipite sur ce roman. Le chocolat est interdit, la caféine est illégale. On vit au temps d’une nouvelle prohibition, qui touche également l’électricité et l’eau, ce qui témoigne d’une planète en difficulté sur le plan de ses ressources naturelles, une planète à l’environnement dégradé. Comment conscientiser les générations actuelles et à venir, face à une société qui aimerait que les choses bougent mais qui fait face à des politiciens velléitaires et passéistes ? L’adulte qui lira ce roman, au demeurant bien écrit, sera sans doute légèrement déçu par le point de vue adopté par son auteur. Car le chocolat n’y est au final qu’accessoire, secondaire. Il est certes interdit et stocké, pour ceux qui le peuvent et en particulier pour cette mafia qui bâtisse son empire sur la denrée, dans des coffre-forts. Mais il n’est pas le sujet central du roman, qui se construit autour des tergiversations et de la construction des personnalités dans le monde des adolescents en les initiant à l’écologie, l’environnement, la politique et l’économie. Amour, amitié, haine, mauvais coups, dénonciations, soutiens, convocations par les enseignants, gardes à vue, bals, chevaliers servants, rêves, tout y passe… Pour peu que les adolescents croquent dans un bout de tablette, sirotent un chocolat chaud ou se tartinent une tranche de pain, ils s’y retrouveront, bien sûr.

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