Des gourmandises sur l'étagère

22 juin 2021

Résumé :

Les déjeuners sur l’herbe, les plats et desserts gourmands concoctés par Marie-Gabrielle et savourés par Odilon, son époux, sont brutalement rejetés à l’adolescence par leur fille, Berthe, qui maigrit inexorablement et qui finit par quitter définitivement la maison familiale, laissant ses parents impuissants et désespérés. C’est lorsque tous les deux apprennent la réussite de leur fille en tant que mannequin international qu’ils renaissent à la vie : Marie-Gabrielle se remet à préparer, avec délectation, de nombreux gâteaux de voyage qui font la joie de leur entourage voire au-delà. Des gâteaux qui pourraient bien faciliter les retrouvailles avec leur fille…  

Avis :

Qui aurait-pu imaginer traiter avec une telle délicatesse et une telle poésie du sujet aussi grave et dramatique que celui d’un rapport déséquilibré à la nourriture et des dégâts que cela crée inévitablement au sein d’une famille ?

Tout, dans ce roman, champêtre et vivifiant, animé d’une brise légère qui transporte le lecteur de page en page vers de nouveaux plats aux saveurs délicieuses, sonne juste. Le vocabulaire est choisi, la grammaire précise et l’atmosphère peinte comme un tableau impressionniste. Comme pour témoigner de la complicité innée qui unit des parents à leur enfant jusqu’au moment où les dissonances se multiplient et, de brise en bourrasque qui se transforme en tempête, provoque la rupture des êtres entre eux.

Les mots sont maniés avec subtilité et les images sont aussi jolies qu’elles ne sont réalistes voire cruelles. L’auteure dresse des portraits personnifiés du mal-être et de la souffrance et convie alors le lecteur, dont les papilles sont alléchées par ces plats et desserts qui structurent le récit, dans une quête de rédemption ou d’insouciance perdue. Une fille qui, par ces petits gâteaux qui lui sont envoyés par ses parents, recherchent son bien-être de l’enfance. Des parents qui, en se délectant davantage encore de bons plats et de desserts, cherchent à apaiser leur incompréhension et leur impuissance.

Et s’il suffisait, comme c’est le cas pour Odilon et Marie-Gabrielle, de reconnecter leur fille à la joie simple de l’existence par des gâteaux officiant tels des Madeleine de Proust ? 

En quelques pages, Françoise Moreau parvient, soutenue par des dessins inspirés du peintre Nicolas Lambert, à créer une atmosphère imprégnée de douceur et d’amertume pour des êtres chavirés par leur rapport déséquilibré à la nourriture mais qui ne se noient pas. C’est d’une élégance inédite. C’est tout simplement magnifique.

(et pour tous les gourmands et gourmets, savoureux, à commencer par ce gâteau au chocolat sous un glaçage impeccable »).

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