Résumé : Années 50. Courtney Fall s'ennuie. Sa mère, Sondra, croule sous les dettes et n'est plus une actrice "bankable", son père vit à New-York et ne s'est guère occupé d'elle. A l'adolescence, elle prend conscience des plaisirs éphèmères et superficiels de la vie. Elle passe de soirées en soirées, ne cesse de s'enivrer et découvre le sexe, dans une société où il n'est pas de bon ton que les jeunes filles soient libres de leurs faits et gestes...

Avis : Roman initiatique. Sortir de l’adolescence est une lutte de chaque instant. Une lutte contre, pour et vis-à-vis des autres ; contre, pour et vis-à-vis de soi. La crise d’adolescence est universelle, elle n’a pas de frontière, ni géographique, ni temporelle. Ce roman est, ainsi, initiatique pour ces jeunes femmes qui se cherchent et qui posent peu à peu leurs repères sur le chemin de l’existence qui se poursuit devant elles. Mais ce roman est surtout, dans le contexte dans lequel il a été conçu, novateur, précurseur à plus d’un titre : son auteur est, d’une part, une femme ; d’autre part, il est publié aux Etats-Unis à la fin des années 50, des années durant lesquelles s’amorçait, difficilement mais inéluctablement, une phase transitionnelle sur le plan social et les mœurs ; enfin, il met en scène deux jeunes adolescentes qui, avant l’heure, se jouent des conventions, des codes et de l’éducation qu’elles sont censées mettre en pratique. L’auteur laisse la parole, leurs faits et leurs actes à des jeunes femmes qui se considèrent, et sont considérés par l’entourage, comme des rebelles. A bon ou à mauvais escient ? Question de mentalité. Question de moralité. Question de milieu. Elles font la fête. Elles boivent, elles enchaînent les cocktails, les alcools, les liqueurs. Elles sont invitées, elles s’invitent, elles flirtent, elles s’amusent. Elles se soutiennent en tant qu’amies quoique les caractères diffèrent et leurs ambitions divergent. Janet est pétulante, virevoltante, superficielle et, en accumulant les aventures, en provoquant les scandales et en ne cachant pas ce qu’elle à ses parents, elle cache un profond mal-être, une douleur irrépressible. Celle de l’adolescence qui a du mal à déboucher. Et qui ne débouchera que sur le suicide de celle que tout le monde pensait solide des épaules. Pour Courtney, la quête de son essence est diffuse, confuse, plus réfléchie. Elle se pose des questions. Elle constate qu’elle n’est bien nulle part, dans son milieu privilégié. Elle est désenchantée. Elle déteste Los Angeles et le milieu pourri d’Hollywood et déteste tout autant les rallyes et les bals des grandes écoles de New York. Elle se laisse séduire et cède aux avances de deux jeunes gens atypiques, hors normes, hors conventions : tous deux sont des déçus de la société, tous deux sont bisexuels. L’auteure montre que tous les adolescents passent par une crise pour pouvoir accéder, à leur manière, au monde adulte. Elle montre surtout que les jeunes issus de milieu aisé sont désenchantés. Rien ne les intéresse, rien ne les passionne, rien ne les motive réellement. Il y a ceux qui suivent alors l’exemple parental, qui suivent des études dites « cotées » et qui entrent dans le moule. Il y a ceux qui voudraient suivre cet exemple mais qui, pour des raisons multiples, se perdent en chemin. Il y a ceux qui, en aucun cas, ne veulent entrer dans le moule, et qui se détruisent alors à petit feu. Réputation, alcool, aventures, scandales, tout est bon pour tester la confiance et l’acceptation de son entourage et de sa famille. Tout est bon pour se tester soi-même et délimiter ses propres limites. On ne sait pas, à vrai dire, comment Courtney s’en sortira. On sait que son amie Janet préfère mettre un terme brutal à sa propre errance, insupportable. Et on se doute que les personnages, quels qu’ils soient, sont, un peu, tirés du passé et de la vie de Pamela Moore elle-même. La Françoise Sagan américaine. A la seule différence qu’elle-même met brutalement fin à sa vie en se tirant une balle dans la tête, quand Françoise Sagan, après s’être adonnée à la débauche débridée, meurt dans un accident de voiture. Alors, chocolats fins ou cocktails au petit-déjeuner pour les générations qui viendront prendre la relève ?

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